Un solide montagnard: l’arole
Accompagné du mélèze, l’arole est un arbre qui parvient à pousser à plus de 2500 m d’altitude dans les Alpes. Découvrons les particularités de ce pin rustique et costaud, un solide montagnard: l’arole !

Arole
L’arole fait partie de la famille des pinacées ; il est quelques fois appelé pin cembro et plus rarement alvier. Son nom scientifique est Pinus cembra. Son aire de distribution va des Alpes aux Carpates. Une forme voisine de l’arole se rencontre au Nord est de l’Asie, de l’Oural au Japon septentrional.
Dans les Alpes, on le rencontre le plus souvent entre 1200 et 2400 m d’altitude. Dans les limites inférieures de son aire, il est fortement concurrencé par l’épicéa dont la croissance plus rapide permet de surpasser les aroles et de s’approprier les zones favorables.
Dans de bonnes conditions, il peut atteindre 20 à 25 m ; sa couronne peut être dense et régulière, de forme cylindrique. En haute altitude, les difficiles conditions climatiques font qu’il reste bien plus petit et prend même quelques fois des formes buissonnantes. Certains ont même l’apparence de bonsaï japonais, la météo capricieuse de la montagne se chargeant de tous les travaux de taille.
Grâce à son incroyable rusticité, l’arole parvient à s’installer là où nul autre arbre ne pourrait survivre. Son système racinaire s’adapte au sol rocailleux, profitant des moindres fissures dans la roche où des poches d’humus auraient pu se former. Malgré ce sol bien maigre, il arrive à s’accrocher pour supporter les vents tempétueux et les fortes chutes de neige.
Survivre dans ces conditions extrêmes est une belle performance et demande une optimalisation des ressources d’énergie. Là-haut, la belle saison est bien courte, l’arole arrive à vivre dans des zones où la moyenne annuelle des températures est de 0 degré ! Sa croissance lente n’empêche pas ce beau pin d’atteindre plus de 500 ans.
Par mesure d’économie, il ne fructifie que vers 50 ans et ne produit des cônes que tous les 6 à 10 ans. Ceci rend difficile sa reproduction naturelle. Ses graines non ailées ne lui permettent pas de coloniser de nouveau terrain, heureusement elles sont comestibles et particulièrement appréciées du casse-noix moucheté. Afin de constituer des réserves, cet oiseau cache les graines en les enfouissant dans la terre et cela dans un rayon allant jusqu’à 15 kilomètres, environ 20% seront oubliées pouvant ainsi donner une chance à un nouvel arole de naître.
Les aiguilles sont assez décoratives, longues de 5 à 10 cm, elles sont en groupe de cinq, de couleur verte sur la face extérieure et gris bleuâtre sur la face inférieure.
Les années où l’arole fructifie, il produit des chatons mâles et femelles côte à côte à l’extrémité des rameaux. En fonction de l’altitude, la floraison a lieu entre juin et août.
Les cônes ont 6 à 10 cm de longueur et 4 à 6 cm de largeur. Ils varient du brun violacé à bleuâtre et se couvrent fréquemment de résine.
De par leur préférence pour les zones d’altitude, les arolles ne sont que peu utilisés dans les jardins d’agrément. On en rencontre pourtant de beaux spécimens dans certains parcs. Les photos ci-contre ont été prises à l’arboretum d’Aubonne où plusieurs aroles se croissent très bien et développent une silhouette très harmonieuse.
Dans leur jeune âge, ils semblent bien s’adapter aux températures élevées du plateau suisse, il est probable que plus âgés, ils souffrent un peu du climat et de ce fait, ils deviennent plus sensibles aux diverses maladies courantes sur les pins.
Il existe plusieurs variétés horticoles cultivées pour leurs qualités ornementales du Pinus cembra :
- P. cembra compact Glauca est une forme naine au feuillage bleuté, il peut être utilisé lors de création de rocaille.
- P. cembra « Fastigiata » a une forme colonnaire et une silhouette élancée.
- P. cembra « Glauca » possède des aiguilles fortement bleutées.
- P. cembra « Sartori » est une variété à petit développement.
Ces essences ne sont pas très courantes sur le marché, les amateurs pourront s’en procurer en se rendant chez un pépiniériste qui, s’il ne les cultive pas lui-même, saura où aller les chercher.
Cédric Leuba