Les saules

Parmi les arbres poussant en bordure de cours d’eau ou d’étangs, les saules sont certainement les plus connus. Avec les peupliers, ils forment la famille des salicacées, une grande famille d’environ 250 espèces que l’on rencontre dans les zones tempérées et froides.

Saules

La Suisse est riche en saules, puisque l’on rencontre pas moins de 34 espèces. Leur nombre peut varier, les experts n’étant pas toujours d’accord sur certaines classifications.

La détermination n’est pas toujours aisée, les saules de différentes espèces peuvent se féconder, donnant ainsi naissance à des hybrides et rendant la classification très délicate.

Bon nombre de ces saules restent des arbustes ne dépassant pas les trois mètres de hauteur.

Nous décrirons ici trois saules parmi les plus marquants de nos paysages et qui forment des arbres de moyenne grandeur. Le saule marsault (Salix caprea), le saule blanc (Salix alba) et le saule pleureur (Salix alba tristis ou S. sepulcrolis Chrysocoma, en toute simplicité).

Le saule marsault

Saule : chaton

Le saule marsault est un petit arbre ne dépassant guère les 12 m de hauteur. On le remarque le plus en mars-avril. Ses rameaux se couvrent alors de chatons ovoïdes tout d’abord gris argenté et soyeux. Puis, de ce duvet émergeront les étamines qui, en donnant du volume aux chatons, les couvriront de jaune. Cette floraison fait partie d’un des premiers délices pour les abeilles sortant de leur torpeur hivernale. Contrairement à la majorité des saules qui ont des feuilles étroites et fines, le feuillage du marsault est de forme ovale avec une pointe nettement déjetée sur le côté.

Le dessus des feuilles est vert terne sans caractère décoratif particulier, le dessous est plus argenté. En dehors de sa période de floraison, c’est un arbre qui passe assez inaperçu parmi d’autres essences de lisière ou de bord d’étang. Il affectionne les sols humides et frais, n’hésitant pas à coloniser les fonds de gravière, ou les zones humides des bords de pièces d’eau. Indigène dans toute l’Europe et l’Asie, sa rusticité lui permet de pousser dans nos régions jusqu’à 2000 m d’altitude.

Le saule blanc

Le saule blanc est le plus grand des saules poussant dans nos régions. Il peut atteindre 25 m, sa couronne arrondie peut avoir un diamètre de 15 m. Il se rencontre dans les zones humides de toute l’Europe et d’Asie Centrale.

Sa floraison a lieu en même temps que la sortie des feuilles fin avril début mai. Les feuilles sont longues et fines, légèrement dentées. On aurait pu le nommer saule argenté, son feuillage ayant des reflets d’argent sur les deux faces avec une note plus claire pour le dessous.

Ce bel arbre affectionne les plaines, il se plait dans les terrains légers, de préférence humides, pour bien prospérer, il a besoin d’une situation dégagée, bien ensoleillée. Un peu frileux, il ne dépasse que rarement les 800 m sous nos latitudes.

Comme c’est le cas pour de nombreux saules, sa croissance est rapide. Ce fort développement se fait souvent au détriment de la solidité. Le bois de saule n’a pas une grande résistance à la rupture. Situé dans des zones fréquentées ou proche d’habitations, les saules ne peuvent pas être laissés à leur libre développement ; pour des raisons de sécurité, ils doivent être taillés de temps en temps. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’ils doivent être étêtés ni fortement diminués. Une coupe de diamètre supérieur à 10 cm est à éviter si on ne veut pas occasionner des foyers de pourriture et ainsi rendre l’arbre plus dangereux à moyen terme. Les saules ont la faculté d’émettre une multitude de nouvelles branches s‘ils sont fortement taillés. Cette bonne réaction laisse à penser qu’une forte coupe ne leur fait que du bien ! C’est une fausse croyance, chaque grosse coupe aura des conséquences néfastes pour l’arbre.

Il y a deux modes corrects de tailler les saules ; procéder à une taille répétée (tous les 1 à 2 ans) et donner une forme architecturée stricte à l’arbre dans un volume désiré ou lui laisser une forme libre et intervenir par une taille douce tous les 5 à 10 ans en fonction de l’arbre lui-même.

Dans le premier cas, tous les jeunes rameaux peuvent être coupés chaque année au même endroit, l’arbre va alors former des renflements appelés « tête de saule » ou « tête de chat ». Ce mode de faire est certainement issu de la méthode utilisée depuis fort longtemps pour se procurer de l’osier afin de confectionner des paniers ou autres objets de vannerie. Cette méthode appliquée régulièrement est bien tolérée par les saules, l’aspect esthétique de ces arbres « têtards » peut être sujet à discussion.

La deuxième méthode de taille demande un tailleur plus fin, la couronne va être allégée par une sélection des branches, seules les branches présentant des risques vont être raccourcies, le diamètre des coupes n’excédera pas 5-6 cm. Dans de bonnes conditions et entretenu soigneusement, un saule blanc peut vivre environ 120 ans, ce qui est peu par rapport à d’autres arbres.

Le saule pleureur

Le saule pleureur est certainement le plus connu et le plus utilisé dans les parcs et jardins. Il fait partie intégrante du paysage, pourtant il n’est pas originaire d’Europe. Il fut importé d’Asie centrale et orientale. Ses qualités ornementales lui valurent un grand succès, on le rencontre maintenant dans les parcs du monde entier.

Il affectionne les mêmes conditions que le saule blanc, dans de bonnes conditions, il peut atteindre des dimensions impressionnantes : plus de 20 m de hauteur et autant de largeur… autant dire qu’il risque d’être à l’étroit dans de nombreux jardins. Heureusement, il peut être entretenu et taillé selon les mêmes principes que le saule blanc.

Saule

Tous les saules sont dioïques, cela signifie qu’il existe des plantes femelles et des plantes mâles. Etonnant : pour le saule pleureur, on ne trouve chez nous que des plantes femelles ! Pas la moindre étamine ni grain de pollen en vue. Sexuellement chez les saules pleureurs européens, ce n’est pas la joie !

Tous les saules se multiplient très bien par bouturage si bien que les graines ne sont pas nécessaires.

Il suffit de prélever un jeune rameau vigoureux, couper un segment d’environ 40 cm, planter les deux tiers de la longueur dans un sol humide, et c’est parti ! Pour un bon taux de réussite, il est conseillé de procéder au bouturage à la fin de l’hiver et bien sûr, de planter les segments de branche dans le bon sens.

Cédric Leuba

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