Les pins noirs
Les pins forment un vaste genre, comprenant un grand nombre d’espèces. C’est certainement l’un des conifères les plus utilisés pour l’aménagement des parcs et des jardins.
Il y a plusieurs raisons à cela, notamment leur grande valeur ornementale et le fait que la plupart des espèces sont très peu exigeantes quant à la qualité du sol.
Le plus largement planté en qualité d’arbre d’ornement est le pin noir. C’est son feuillage composé d’aiguilles vert foncé et sombres, de 8 à 15 cm de long qui lui a valu ce nom. Il est vrai que ce pin spécialement dans son jeune âge, engendre une atmosphère un peu lourde, ces masses d’aiguilles vert foncé sont parfois écrasantes.
Les aiguilles sont réunies en groupe de deux dans la même gaine, alors que pour d’autres pins, elles peuvent être groupées par 2, 3 ou 5.
En mai-juin, les chatons mâles libèrent leur pollen, qui grâce au vent, ira féconder les colonies de fleurs femelles situées à proximité sur les mêmes branches. De cette fécondation naîtra un cône tout d’abord verdâtre de 4 à 9 cm de long. Ces cônes subissent une longue maturation et deviennent brunâtres. Les graines fécondées au début de l’été passent l’année sur l’arbre, elles seront mûres que l’automne suivant. Bien que prête à donner vie à une jeune plantule, la graine va rester enclose dans les écailles protectrices du cône encore une année complète, elle ne s’envolera qu’à sa troisième année. Le pin noir ne se montre pas pressé d’assurer sa descendance, c’est peut-être lié au fait qu’il peut vivre jusqu’à 600 ans, alors pour lui, rien ne presse.
Son tronc puissant, certains spécimens peuvent atteindre 5 à 6 m de circonférence, est bien protégé par une écorce épaisse, brun noirâtre, qui se divise en mosaïque et, avec le temps, se détache tel des pièces de puzzle.
Ces détritus d’écorce, la chute des vieilles aiguilles, la chute de branches mortes et des anciens cônes, constituent un tapis de matière organique favorable à la santé des pins. Comme pour tous les arbre, cette couche d’humus naturel est précieuse pour le bon développement des pins et notamment leur résistance aux maladies.
Il existe plusieurs sous-espèces et variétés, le plus répandu est le pin noir d’Autriche (Pinus nigra Austria). Ce grand arbre peut atteindre plus de 30 m. Plutôt conique dans son jeune âge, il prend une forme arrondie ou en parasol, perdant ses branches basses avec l’âge. C’est une espèce forestière que l’on rencontre à l’état spontané dans les montagnes d’Autriche, de Yougoslavie, d’Italie et de Grèce. On le retrouve un peu partout en Europe occidentale, rude et puissant, il se contente des sols les plus maigres, ne craignant pas le calcaire. Le vent, le froid ne lui font pas peur ; en montagne, il monte jusqu’à 1800 m.
Nous rencontrons également dans nos parcs la variété P. nigra Maritima, appelé pin laricio de Corse. Originaire de l’île de Beauté, de Sicile et d’Italie, il s’acclimate également aux plaines de notre région. Il peut atteindre 45 m dans de bonnes conditions.On le différenciera de P. n. Austria en observant les aiguilles, qui sont plus longues et plus clairsemées pour la variété Maritima. Le tronc est également souvent plus élancé, l’écorce est plus claire et se détache facilement en magnifiques fragments découpés.
Signalons encore la variété P.n. Caramanica. Originaire d’Asie mineure, du Caucase et des Balkans. Pouvant atteindre 30 m ce pin ressemble beaucoup aux deux autres décrits précédemment. Les cônes peuvent être plus gros. Les jeunes rameaux sont orangés. Sachant que ces pins peuvent s’hybrider entre eux, on comprend facilement que leur identification n’est pas toujours aisée et qu’il est parfois impossible de déterminer avec sûreté la variété.
Dégâts les plus fréquents
Il n’est pas rare que les pins noirs souffrent en hiver. Leurs longues branches quelque fois denses offrent un support à la neige qui va s’y accumuler. La surcharge occasionnée par cette dernière provoque des déchirements et des ruptures de branches. On peut éviter ces risques en procédant préventivement à une taille d’allégement en dédoublant les branches. Cette technique permet d’éclaircir l’arbre, sans pour autant lui enlever sa forme naturelle.
Plusieurs maladies d’origine cryptogamique, peuvent occasionner le dépérissement des aiguilles des pins. Parmi les maladies les plus virulentes sur le pin noir ces dernières années, citons le champignon Sphaeropsis sapinea. Ce parasite occasionne le dépérissement des branches basses des pins, dans des cas extrêmes la mort complète de la plante attaquée. Ce sont surtout les arbres âgés de plus de 30 ans qui sont attaqués et spécialement ceux déjà affaiblis ou n’ayant pas une situation idéale. La sécheresse, les sols compacts, une insolation excessive causée par la réverbération du soleil, contre les revêtements des chaussées et les immeubles sont des facteurs qui favorisent ce champignon.
La lutte chimique sur les arbres adultes est peu efficace et se limitera sur les jeunes plantes. En améliorant les conditions du sol (aération, mulching, etc.) on peut aider l’arbre à lutter lui-même contre la maladie. L’enlèvement des branches mortes est favorable à la santé et à l’esthétisme des pins, cela ne suffira cependant pas à enrayer la maladie car il restera toujours assez d’inoculum sur les cônes. La plantation frénétique de pins noirs dans des milieux peu appropriés a certainement favorisé l’expansion de cette maladie. Encore une fois, planter le bon arbre au bon endroit en lui donnant les moyens de se développer, est le premier et le meilleur soin à donner.
Cédric Leuba