Le mal aimé : le Robinier faux acacia

Cet arbre est connu chez nous sous le nom d’acacia. Une fois de plus, la confusion entre les noms communs est totale. Ainsi ce que l’on nomme acacia se révèle être un robinier (ou Robinia pseudoacacia), alors que les vrais acacia (Acacia Baileyana et Acacia Decurrens) sont appelés mimosa, bien connus grâce à leurs brins couverts de fleurs jaunes, vendus chez nous à la fin de l’hiver par des associations caritatives. Ces deux espèces appartiennent à la même grande famille des légumineuses; leurs points communs s’arrêtent là. Les Acacia Baileyana et Decurrens sont originaires d’Australie. Bien que supportant quelques petits gels sporadiques, ils ne conviennent pas à nos régions à l’exception d’endroits privilégiés et protégés. On en trouve par contre fréquemment dans le sud de l’Europe où ils peuvent atteindre 10 à 15 m.

Le robinier lui, est originaire de l’est de l’Amérique du nord. En 1601, l’herboriste Jean Robin veille sur le jardin botanique royal et sur les plantes médicinales destinées à Louis XIII. Il reçoit quelques graines d’Amérique du Nord et les sème. Ainsi le nom robinier rend hommage à son introducteur en Europe. Tout d’abord plante cultivée, cette espèce va si bien s’adapter qu’elle est maintenant tout à fait sauvage dans une grande partie de l’Europe. Pour pouvoir conquérir un si grand territoire en si peu de temps, il faut être un arbre robuste, peu exigeant et ayant fortement tendance à envahir les zones laissées libres. Le robinier supporte le froid; peu exigeant au niveau du sol, il s’accommode des terrains superficiels et supporte des périodes de sec.

Pour bien s’épanouir, il a besoin d’une situation dégagée et ensoleillée. Ces facultés d’adaptation rendent de grands services, le robinier pouvant être utilisé pour la stabilisation de talus ou autre plantation de ce type. Il a pourtant mauvaise réputation, il est des fois comparé au chiendent, graminée si envahissante. Le robinier drageonne facilement. Il arrive que de nouvelles pousses surgissent de racines traçantes et cela, à une grande distance de la plante mère. ll faut reconnaître que les taillis de jeunes pousses, qui sont de plus couvertes d’épines, sont assez peu accueillants. Cette tendance à émettre de nouvelles pousses sur les racines et la base des troncs est encore accentuée si les robiniers sont abattus ou taillés fortement. On peut voir dans la nature ou dans les parcs, de magnifiques groupes de ces arbres, qui peuvent atteindre jusqu’à 30 m, ayant la chance de s’épanouir librement et n’émettant pas ou très peu de rejets.

Ils ont plusieurs avantages pour les aménagements paysagers: leur feuillage est léger, les feuilles, composées de 9 à 25 folioles ovales, diffusent une ombre très agréable. Fin mai-début juin, des grappes de fleurs blanches et parfumées vont irrésistiblement attirer les abeilles, les robiniers étant une des meilleures espèces mellifères. En septembre, des grappes de gousses brunes typiques des plantes de la famille des légumineuses, vont remplacer les fleurs; une fois mûres, les gousses vont libérer leur douzaine de graines qui peuvent très bien être utilisées par le jardinier amateur. Durant ses 30 premières années, sa croissance est très rapide, sa silhouette élancée. Devenant adulte (il peut atteindre 200 ans) sa silhouette prend du caractère, de longues branches irrégulières et de grands espaces, donnent à la couronne une allure tourmentée, encore accentuée par l’écorce creusée de larges et profondes crevasses. Contrairement aux jeunes branches richement garnies d’épines redoutables, le tronc et les branches principales en sont pratiquement dépourvus. Le robinier nécessite peu de soins, son bois est fibreux et résistant, le risque de rupture est faible, les branches à l’intérieur de la couronne sèchent fréquemment et leur enlèvement est la seule intervention bénéfique à la plante. Si par malheur, un étêtage est pratiqué, tout l’esthétisme de la plante en pâtira, d’innombrables rejets pousseront dans toutes les directions, donnant un aspect qui n’aura plus rien à voir avec la forme élancée et légère de l’arbre naturel.

Le bois extrêmement résistant aux diverses pourritures est utilisé pour en faire des parquets, des pergolas, etc. ; on trouve également des caillebotis remplaçant favorablement les immuables dalles en béton lavé et rendant les terrasses bien plus chaleureuses et accueillantes.

Plusieurs variétés sont utilisées en arboriculture ornementale, parmi elles, citons : Robinia pseudoacacia Frisia au feuillage doré, Robinia pseudoacacia Bessoniana pour sa couronne arrondie à petit développement, Robinia pseudoacacia Pyramidalis pour sa croissance étroite et élancée, Robinia Hispida aux fleurs roses.

Cédric Leuba

 

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