Le châtaignier (Castanea sativa)
De la famille des Fagacées, tout comme le hêtre et le chêne, le châtaignier est connu depuis la plus haute antiquité. Il doit son nom à une ville grecque, Castanea, où il poussait en abondance. Bien que cela ne soit pas déterminé avec certitude, c’est dans le sud de l’Europe qu’il faut aller chercher ses origines, de là, grâce aux qualités de ses châtaignes, il y pu voyager de par le monde.

Vieux châtaigniers sur les hauts de Morges
Pas très grand, dépassant rarement les 30 m de hauteur, le châtaignier est trapu; en isolé, sa couronne peut devenir ample et arrondie. Durant ses 50 premières années, sa croissance va être rapide, puis elle se ralentit et l’arbre devient plus ample. Selon les conditions, les premiers fruits apparaissent après 25 à 50 ans, rien ne presse pour cet arbre qui peut atteindre plus de 1000 ans! Ses feuilles luisantes et coriaces peuvent atteindre 20 cm de long, le bord du limbe est fortement denté, légèrement piquant. La floraison est spectaculaire, les épis jaunes clair des fleurs mâles se dressent sur le feuillage brillant. Les fleurs femelles, vertes, sont plus discrètes et attendent le passage des abeilles et autres coléoptères couverts de pollen. De cette fécondation naîtra les bogues piquantes hérissées d’épines, qui protègent efficacement les châtaignes jusqu’à leur maturité. On trouve généralement 2 à 3 châtaignes par bogue pour les arbres de forêt. Certaines variétés cultivées donnent une seule châtaigne de plus grosses dimensions, appréciée grillée et bien chaude lors des jours d’hiver, ou encore en confiserie sous forme de « marron glacé ». Extrêmement nourrissantes, les châtaignes ont joué un rôle important dans les pays méditerranéens et également dans certaines régions en Suisse romande. D’anciennes châtaigneraies vers Fully et Saillon en Valais en témoignent. Le bois est très dur et résiste longtemps aux pourritures, on en fait des échalas, au Tessin des pergolas, dans le passé des charpentes de grandes dimensions, et même des couvertures de toitures sous forme de lames comme l’Abbaye du Mont Saint-Michel.
Pour s’épanouir dans nos régions, il requière quelques conditions spécifiques. Il ne supporte pas le calcaire, aussi une analyse du sol est conseillée avant toute plantation. Il apprécie les sols profonds et bien drainés. Il n’est par contre pas très exigeant en lumière et peut se développer à mi-ombre. Il craint les hivers rigoureux, chez nous il ne dépassera pas les 800 m d’altitude, plus au sud, il pousse encore à 1400 m.
Deux importants parasites attaquent les châtaigniers; le chancre provoquant le dépérissement de rameaux et même de grosses branches, et la maladie de l’encre, attaquant les racines et le collet de l’arbre et provoquant le dépérissement complet de l’arbre, ce dernier exsudant un liquide noirâtre à la base de l’arbre. Cette maladie est plus répandue dans les sols humides, lourds et mal drainés.
Chauds les marrons !
Le nom de marrons a été donné aux variétés de culture vendus sur les marchés, donnant une seule grosse châtaigne par bogue. Ceci entraîne une confusion avec le fruit du marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) très répandu dans nos parcs et appréciés uniquement des animaux (chevaux, daims, etc). Ces deux arbres sont totalement différents et n’ont rien de commun si ce n’est l’apparence de leurs graines.
Cédric Leuba