Beaux arbres !
Nous avons la chance dans notre région de pouvoir admirer des arbres séculaires magnifiques. Partons à la découverte d’un cèdre majestueux, élément majeur du parc du Château de Vaumarcus sur les rives du lac de Neuchâtel !

Cèdre de Vaumarcus
A Vaumarcus, impossible de manquer l’imposant château qui domine le lac de Neuchâtel. Côté est, un petit parc accompagne la vénérable demeure. Trois conifères se partagent actuellement cet espace ; voici 10 ans, ils étaient encore quatre sur cette esplanade d’où la vue sur le lac, le plateau et, par temps dégagé, les Alpes, est à couper le souffle. En effet, un sapin d’Espagne de plus de 30 mètres a dû être abattu ; plusieurs fois frappé par la foudre, il était devenu trop dangereux.
Un impressionnant pin noir se partage la vedette avec un magnifique cèdre du Liban. L’épicéa qui les accompagne paraît bien terne et insignifiant face à ces deux monuments.
Le cèdre a une silhouette bien particulière, il n’atteint de loin pas les quarante mètres de hauteur comme certains autres spécimens de son espèce ; il est trapu, sa couronne est plus large que haute. Ceci est dû au fait que dès les premiers mètres de tronc, l’arbre a émis un grand nombre de branches charpentières. Tout naturellement, c’est vers le sud et la lumière que la couronne s’est le plus développée. Cette tendance a encore été accentuée par la présence des autres végétaux. La face est témoigne encore de la concurrence exercée durant de nombreuses années par le « feu » sapin d’Espagne.
L’étagement des branches et les plateaux qu’elles forment dégage une grande beauté. C’est encore plus marquant lorsque les jeunes pousses du printemps, de couleur plus claire, soulignent la bordure des frondaisons.
Comme son nom l’indique, ce cèdre nous vient du Liban, son aire d’origine comprend également la Syrie et la Turquie, C’est d’ailleurs dans ce dernier pays dans les montagnes du Taurus, que l’on trouve les plus grands peuplements avec des sujets exceptionnels de plus de 1000 ans atteignant 55 m de haut et ayant des troncs de plus de 3 m à la base !
Il a presque disparu du Liban, les qualités de son bois réputé imputrescible ont bien failli lui causer sa perte. Il fut introduit en Angleterre vers 1630. Il fallut attendre une centaine d’années pour que le botaniste Jussieu plante les deux premiers cèdres en France.
Ils devinrent très vite à la mode et à la fin du 18e siècle, chaque belle propriété se devait d’avoir un ou plusieurs cèdres du Liban. Les plus vieux exemplaires chez nous, datent également de cette époque, l’arc lémanique et les bords du lac de Neuchâtel sont riches de magnifiques spécimens. Plutôt frileux sous nos latitudes, ils affectionnent la plaine, alors que dans son aire d’origine, on en trouve jusqu’à 1800 mètres.
Il est toujours difficile de donner un âge aux arbres. Il semble que le cèdre de Vaumarcus ait été planté voici 150 à 170 ans. Un tel arbre mérite les meilleurs soins, ce qu’ont bien compris les propriétaires du lieu. Sa couronne a fait l’objet de taille douce, certaines branches porteuses et lourdes ont été consolidées par la pose de haubans, solidarisant les branches entre elles. Le sol est régulièrement décompacté et amendé afin de compenser le manque de matière organique qu’engendre l’entretien du gazon. Fortement désaxé côté sud, il penche sérieusement par-dessus le haut mur de l’esplanade. Cela fait partie de son charme même si c’est un peu inquiétant. Face aux difficultés techniques que représenterait la consolidation d’un tel monument, on ne peut que faire confiance à son système racinaire, en espérant qu’il a développé une bonne assise dans les matériaux de remblais apportés lors de la création de l’esplanade.

Cèdre de Vaumarcus
Un autre article sera nécessaire à la description du pin noir voisin qui est tout aussi exceptionnel et majestueux.
A eux seuls, ces deux arbres valent le déplacement. Les personnes pas trop « accro-arbres » seront tout de même enchantées par la beauté du coup d’œil depuis le château, ainsi que par le charme de cette région, mélange harmonieux entre la campagne et les rives lacustres.
Les gourmands trouveront également leur compte ; après cette balade, ils pourront faire halte au restaurant du Château.
C’est sur ce site magnifique que se déroulent chaque année, les journées des plantes inhabituelles, où les amateurs de jardins vont trouver les plantes qu’il leur faut. Cette année, ce marché aura lieu du 23 au 25 mai. Pourquoi ne pas combiner cet évènement tout en rendant visite à des arbres extraordinaires et en découvrant une magnifique région ?
Aller à Vaumarcus : par la route, Autoroute A5, sortie Vaumarcus, à mi-distance entre Yverdon-les-Bains et Neuchâtel. Par le train, halte CFF.
Cédric Leuba