La mineuse du marronnier
Les marronniers font partie des arbres les plus répandus dans nos parcs, nos jardins et nos avenues. Depuis plusieurs années, ils présentent un aspect automnal dès le mois de juillet-août. Un petit insecte est à l’origine de ces brunissements précoces, partons à sa découverte.
Les origines
La mineuse du marronnier (cameraria orhidella en latin) a été identifiée pour la première fois en Macédoine, au début des années quatre-vingts.
Ne craignant pas les voyages, elle s’est répandue depuis à toute l’Europe. En Suisse romande, les premières observations de la présence de ce petit papillon ont été faites en 1998. Actuellement rares sont les marronniers blancs qui ne sont pas infestés. Il est intéressant de remarquer que le marronnier rouge n’est pas au goût de la mineuse qui le dédaigne pour le plus grand bien de ce bel arbre qui est toutefois bien moins répandu que le blanc.
Sa biologie
Dès fin avril, vous pouvez observer proche des marronniers, de petits papillons de 3 à 5 mm de long de couleur brun ocre aux ailes rayées plus claires, qui voltigent allégrement. Ils se retrouvent pour l’accouplement. La femelle pond de minuscules œufs à la surface de la feuille. Les jeunes larves, dès éclosion, s’enfoncent dans la feuille entre les deux épidermes et y creusent des galeries de plus en plus grandes qui provoquent la décoloration du feuillage tout d’abord par bandes puis un pourrissement généralisé.
A la fin du développement larvaire, la nymphose se produit à l’intérieur de la mine. La chrysalide perce ensuite la paroi de l’épiderme de la feuille, permettant ainsi la libération du papillon. Dès juillet, un certain nombre de chrysalides vont bloquer leur développement et rester en attente dans la feuille, jusqu’au printemps prochain.
En une année, trois générations de mineuses peuvent coloniser les feuilles sous nos climats. Au sud de l’Europe, jusqu’à 5 générations peuvent se succéder.
Les dégâts
Les feuilles fortement attaquées brunissent et tombent déjà durant l’été. Certains arbres complètement dénudés vont produire de nouvelles feuilles et même dans certains cas, des fleurs en septembre. Ceci demande à l’arbre de puiser dans ses réserves d’énergie. Répété sur plusieurs années, cela ne peut que l’affaiblir. D’autre part, l’aspect ornemental des marronniers atteints est déplorable, les terrasses naguère bien ombragées, se retrouvent couvertes de feuilles au sol et en plein soleil.
Alors que faire ?
Le premier moyen de lutte à faire absolument, consiste à ramasser consciencieusement les feuilles mortes et à les détruire par le feu. On peut également les composter mais uniquement dans de grands tas où la température élevée va tuer les chrysalides en attende du printemps.
Un apport de compost sous les arbres compensera le manque de matière organique qu’entraîne le ramassage des feuilles.
Des pièges à phéromones où les papillons viennent se coller peuvent être utilisés. Expérience faite, bien qu’un grand nombre d’insectes soit capturé, l’effet sur les arbres est minime.
Certains traitements, avec un insecticide biologique, ont engendré de bons résultats. La période doit être bien définie. Seule la partie basse de l’arbre doit être pulvérisée lors de deux traitements à 15 jours d’intervalle. Ceci n’exclu pas à 100% la présence de mineuses, mais conjugué à l’enlèvement des feuilles mortes, on arrive à une diminution de 70 à 80%, ce qui permet à l’arbre de ne pas perdre les feuilles et de rester ornemental tout l’été.
D’autres sources de brunissement des feuilles
Le dégât des mineuses peut être confondu avec l’attaque d’un champignon, appelé Guignardia aesculi. Une observation attentive permettra de différencier les deux parasites, le champignon provoque des brunissements irréguliers alors que la mineuse crée des lignes assez distinctes.
En avenue, les marronniers peuvent également souffrir des résidus de sel de déneigement où de périodes de sécheresse, dans les deux cas, les brunissements se limitent au pourtour de la feuille.
L’avenir du marronnier
La mineuse du marronnier ne va pas à elle seule décimer nos marronniers. Elle les affaiblit et les rend peu esthétiques. Actuellement, on ne connaît pas de prédateurs à cet insecte. Cela viendra peut-être.
En attendant, il est souhaitable que la majorité des feuilles mortes de marronniers soit détruite, cela constitue un travail considérable que chaque propriétaire devrait envisager. Préparer les balais à feuilles !
En cas de nouvelle plantation, l’utilisation du marronnier rouge est une variante à laquelle il vaut la peine de penser.
Cédric Leuba