La chenille processionnaire du chêne

Il est de plus en plus fréquent de rencontrer des chenilles peu sympathiques sur nos chênes. Moins connue que sa cousine vivant sur les pins, la processionnaire du chêne est problématique, faisons plus ample connaissance.

La chenille processionnaire du chêne

Le nom scientifique de ce lépidoptère est Thaumetopoea processionea. C’est un ravageur spécifique des chênes caducs. Présente depuis plusieurs années dans nos régions, particulièrement dans les zones jouissant d’un bon climat, les chenilles de ce lépidoptère sont plus répandues et plus nombreuses d’année en année.

Pour l’arbre, elles occasionnent des dégâts de juin à mi-juillet en dévorant les feuilles. Par les hommes et les animaux, elles sont redoutées pour leurs effets urticants.

Bon nombre de personnes peuvent avoir des réactions allergiques violentes. Dans certains cas, il est conseillé de consulter un médecin, dans d’autres, la rencontre avec les poils urticants se résume à l’apparition de boutons et à de fortes démangeaisons.

Biologie

Les adultes sous forme de papillons nocturnes, volent de fin juillet à mi-août selon les régions. Une fois fécondées, les femelles pondent leurs œufs sur de fines branches au sommet des arbres. Chaque femelle peut pondre entre 100 à 200 œufs qui passeront l’hiver sous cette forme et n’écloront qu’au printemps. La vie sous forme larvaire dure 2 à 3 mois au cours desquels se succèdent 6 stades. L’éclosion des œufs a lieu en avril, elle coïncide à l’apparition des nouvelles feuilles dont les jeunes chenilles vont se nourrir durant la nuit. Pendant la journée elles se regroupent sur les feuilles et les rameaux, s’abritant sous un léger tissage soyeux.

La chenille processionnaire du chêne

En été, à la fin du cinquième stade larvaire, elles tissent un nid plus résistant et plus grand, où les chenilles deviendront des papillons après être restés des chrysalides pendant 30 à 40 jours.

Pour qui s’aventure sur les chênes, il convient d’être vigilant, le contact avec les chenilles est à éviter mais également avec les nids vides qui sont chargés de mues et de poils urticants prêts à engendrer des démangeaisons et autres allergies.

La présence des chenilles processionnaires varie d’une année à l’autre. Cet insecte peut pulluler durant 1 – 3 ans, puis se montrer plus discret, tout en étant toujours présent.

Leur fort développement dépend de nombreux facteurs, le réchauffement des températures y est certainement pour quelque chose, dans le passé les processionnaires étaient déjà bien présentes dans le sud de la France alors qu’en Suisse romande, elles étaient pratiquement inconnues.

Plusieurs parasites, maladies et prédateurs peuvent les attaquer et diminuer ainsi leur nombre à tous les stades de leur développement, cependant les poils urticants constituent une protection efficace.

Des études ont montré que des gels printaniers peuvent détruire les jeunes pousses de chênes privant ainsi de nourriture les jeunes chenilles et diminuant leur nombre.

Dégâts aux arbres

En cas de pullulation, certains chênes peuvent être complètement défoliés, seules les nervures des feuilles restant accrochées aux rameaux. En général, même en cas de défoliation complète, la vie des chênes n’est pas directement compromise.

Cela constitue néanmoins un affaiblissement important qui, s’il se répète sur plusieurs années, peut avoir des conséquences graves. Affaiblis par la défoliation, les chênes seront plus vulnérables aux attaques de différents organismes pathogènes. Pour ce défendre, les arbres ont besoin d’énergie, énergie produite par le feuillage lors de la photosynthèse. De plus pour émettre de nouvelles feuilles, les chênes fortement attaqués devront puiser dans leurs réserves. Ces attaques constituent bien sûr une forte diminution de l’aspect ornemental des chênes qui paraissent bien tristes en début d’été.

Moyens de lutte

Il n’est pas facile de lutter contre ce parasite. Trois modes peuvent être envisagés. La lutte mécanique consiste à détruire les nids. De par leur disposition, il est beaucoup plus difficile à réaliser que sur les processionnaires du pin où on peut couper l’extrémité du rameau où est formé le nid. Dans les chênes, les chenilles se trouvent groupées sous les branches charpentières, ou le long du tronc. Dès que l’on touche le nid, des poils urticants vont être propulsés dans l’air.

La destruction mécanique des nids nécessite que l’intervenant soit protégé avec une combinaison et un masque sur le visage. Une fois récoltée les chenilles et leurs déchets doivent être brûlés. Ce mode de faire n’est que peu appliqué car cela entraîne de nombreux désagréments.

Des traitements par pulvérisation de bactéries appelés bacillus thuringiensis ont donné de bons résultats. Pour être efficaces, les arbres doivent être pulvérisés sur tout le feuillage lorsque les chenilles sont encore jeunes, lorsqu’elles dévorent les feuilles, elles ingèrent la bactérie qui va occasionner des troubles, si bien que la chenille ne pourra plus se nourrir et mourra 3 à 4 jours plus tard. Pour les grands arbres, cela nécessite l’utilisation de canon à traitement puissant. Certaines forêts dans le sud ont été traitées par hélicoptère. Cette bactérie ne détruit que les chenilles, mais pas uniquement les processionnaires. En revanche, elle est sans danger pour les êtres humains, les animaux, les poissons, les insectes pollinisateurs et les auxiliaires.

La 3e méthode de lutte permet plus de déterminer la présence d’adulte que de les exterminer vraiment, il s’agit de pièges à phéromones sexuelles. On attire les mâles qui piégés, tombent dans un entonnoir et se noient.

Encore peu connu voici quelques années, les processionnaires du chêne et du pin risquent bien de devenir un problème récurant. Avant de vous allonger pour une sieste sous un chêne, ou avant d’y installer une balançoire pour les enfants, observez bien ses branches et ses feuilles. Toutes les personnes ayant eu à faire à ces lépidoptères vous le diront : « mieux vaut garder ses distances ! ».

Cédric Leuba

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