Faut-il tailler les arbres d’ornement ?
Les arbres d’ornement font partie des éléments majeurs des parcs et jardins. Face à leur développement et leur évolution, les propriétaires se demandent souvent s’il est nécessaire d’intervenir. Voyons ensemble pourquoi et comment tailler les plus grands êtres vivants de la planète.
Il est nécessaire de différencier deux types principaux d’arbres d’ornement :
- les arbres à forme architecturée, qui sont maintenus dans une forme stricte par une taille faite chaque année ou au plus tous les deux ou trois ans. Citons en exemple les alignements sur les quais ou les avenues de nombreuses villes de Suisse romande.
- les arbres à forme libre, qui sont laissés à leur développement naturel, leur couronne présentant les caractéristiques de leur espèce.
Les arbres à forme architecturée feront l’objet d’un autre article.
La taille des arbres à port libre, ce qu’il ne faut surtout pas faire
De nombreuses personnes croient qu’il est nécessaire et salutaire pour les arbres de réduire leurs couronnes. Il n’en est rien. Au contraire, plus la taille est forte, plus les diamètres de branches coupées sont grands, plus l’intervention sera négative à la santé de l’arbre. Les fortes tailles et autres étêtages présentent que des inconvénients : elles sont inesthétiques ; elles affaiblissent les arbres ; elles rendent les arbres fragiles, ce qui oblige à de nouvelles interventions d’où un coût d’entretien élevé ; elles diminuent fortement l’espérance de vie des arbres.
Ne rien faire ?
Cela ne veut pas dire que toute coupe de branche est à proscrire sur les grands arbres. Il est dans la nature des arbres d’avoir des branches mortes, d’avoir des rameaux susceptibles de se rompre lors d’intempéries. Visant à développer leur couronne le plus généreusement possible selon les caractéristiques de leur espèce, les arbres ne se soucient guère de la proximité d’immeubles, de lignes aériennes diverses, de limites de voisinage.
Comment intervenir ?
Certaines tailles sont donc parfois nécessaires, mais avant chaque intervention, il est nécessaire de définir quels sont les buts recherchés et de quelle manière non dommageable pour l’arbre, ces buts peuvent-ils être atteints ?
La taille de sécurité vise à limiter le plus possible les risques de chute de branches. Outre les branches mortes qui un jour ou l’autre vont tomber, certains rameaux particulièrement lourds ou ayant des défauts de structure doivent faire l’objet de taille. Un éclaircissage de la branche est parfois suffisant à son allégement. D’autres fois, une réduction est nécessaire. On cherchera toujours à faire une taille la plus légère possible en rapport aux défauts que présente la branche. Nos voisins français appellent cela une taille douce ou raisonnée. Ce type d’intervention n’est pas à répéter souvent, selon les essences, la situation où se trouvent les arbres et leur état sanitaire, un contrôle est à prévoir tous les 5 à 10 ans.
Les arbres dont la couronne devient trop importante et crée une gêne réelle, peuvent être diminués. Cette taille de contrôle des dimensions doit également être pratiquée en réduisant le moins possible la couronne des arbres. Elle peut être minime, comme par exemple lors de la coupe de quelques branches basses gênant la circulation ou plus importante, comme lors d’une réduction de couronne en bordure de façade.
Dans tous les cas, on tâchera de couper des branches du plus petit diamètre possible. Pour de grands arbres, un diamètre de coupe de 6 à 8 cm devrait être le maximum pour éviter une trop grande altération des tissus.
Lors de la coupe d’une branche jusqu’au tronc, il est primordial de ne pas blesser le col de branche, ce renflement visible à l’aisselle de la branche (voir photo No 1).
Lors d’une réduction de branche, la coupe sera toujours faite sur une sous branche, appelée prolongement, qui permettra à la branche de survivre et conservera l’aspect esthétique de l’arbre (voir photo No 2). Le prolongement doit avoir au minimum un diamètre égal à 1/3 du diamètre de la branche coupée.
Si les diamètres et les angles de coupe décrits ci-dessus sont respectés, les arbres pourront réagir efficacement et limiter les blessures dues à la taille.
A noter que l’usage de produits soi-disant cicatrisants est inutile. Aucune recherche scientifique n’a pu prouver une quelconque efficacité de ces produits.
Quand tailler ?
Les arbres à forme libre peuvent être taillés lors de la saison morte et également après la formation complète des feuilles. On parle alors de taille au vert. Il faut éviter de tailler lors du débourrement (période au printemps où les bourgeons s’ouvrent) et également lors de la chute des feuilles. Ces deux périodes sont critiques pour les arbres qui doivent activer ou stocker leurs réserves.
Attention danger !
Les arbres à forme libre peuvent atteindre de grandes dimensions ; les branches à tailler sont souvent situées à des hauteurs élevées. Ce travail peut être dangereux, il devrait être réservé aux spécialistes capables d’évoluer dans les couronnes des arbres en toute sécurité grâce à l’utilisation de cordes et harnais. L’utilisation d’une tronçonneuse dans un arbre, alors que son utilisateur n’est pas attaché et qu’il ne dispose pas du matériel de sécurité d’usage, est à éviter absolument. Certains jardiniers amateurs ou mauvais professionnels ne se rendent pas compte des risques qu’ils prennent.
Les spécialistes des soins aux arbres se sont regroupé et ont créé l’Association Suisse de Soins aux Arbres (ASSA). Pour toutes informations, visiter le site www.assa.ch.