Nos espèces indigènes d’érables

Erable
La famille des acéracées est principalement composée par le genre Acer, nom latin de l’érable.
On dénombre pas moins de 150 espèces d’érables réparties tout autour du globe, dans les régions tempérées de l’hémisphère nord. On en trouve également quelques espèces en Asie tropicale.
Voici 63 millions d’années, on les trouvait déjà en Europe, ce sont des rescapés des glaciations, pas de doute, les espèces européennes sont de « vrais durs » !
Le plus connu mondialement nous vient pourtant d’outre-Atlantique : qui ne connaît pas la magnifique feuille d’érable qui orne le drapeau national canadien?
A l’état sauvage, dans notre région, trois espèces d’érables se partagent la vedette, le sycomore (Acer pseudoplatanus), le plane (A. platanoïdes) et le champêtre (A. campestris). Le sycomore est le plus répandu, on va le rencontrer aussi bien en ville, le long des routes qu’aux alentours des maisons de campagne mais également en forêt au milieu des sapins et des hêtres.
On le rencontre dans toute l’Europe centrale, jusqu’au Caucase. S’acclimatant en plaine et jusqu’au bord de mer, il préfère cependant le climat des montagnes pouvant pousser jusqu’à l’altitude de 2000 m.
Pour bien se développer et atteindre sa taille adulte qui avoisine les 30 m, le sycomore a besoin d’un sol riche et profond.
Ses feuilles à cinq lobes ont la forme typique de l’espèce. Profondément découpées, elles sont pointues sans être vraiment effilées aux extrémités. Les colorations automnales sont magnifiques, virant du jaune au rouge.
Comme pour la majorité des érables, leur floraison n’est pas très spectaculaire, bien qu’en y regardant de près, les longues grappes verdâtres apparaissant en avril-mai ont leur charme. Les abeilles et autres insectes sont fortement attirés par les nectars que dégagent ces inflorescences, si bien que la fécondation est immanquable et qu’à fin mai déjà, on voit apparaître des petits fruits doublement ailés. Une fois à maturité, en automne, ces fruits vont se détacher de leur rameau et se mettre à tourner comme des pales d’hélicoptère. Ce qui leur permet une meilleure dissémination, bien que la lourdeur de la graine l’empêche de couvrir une longue distance.
Supportant la mi-ombre et la compagnie d’essences étrangères, on le trouvera fréquemment dans les sous-bois ou les parcs peu entretenus essayant de coloniser de nouveaux territoires. Certains propriétaires les trouvent quelque peu envahissants, Il est d’ailleurs fort intéressant de voir avec quelle rapidité les essences indigènes (sycomores, érables planes, frênes, etc.) reprennent le dessus sur certaines essences exotiques dans de vieux parcs laissés sans entretien.
L’écorce du sycomore est d’abord gris-jaunâtre et lisse. Avec l’âge, elle devient brunâtre, se gerce, s’écaille et les parties mortes tombent en plaques.
Ce ne sont pas des arbres ayant une espérance de vie très élevée, les plus vieux sujets atteignant 150 à 200 ans.
Le plane (A. platanoïdes) présente de nombreuses similitudes avec le sycomore mais aussi avec le platane. Comme pour encore compliquer les choses, les noms donnés à ces trois arbres ont tout pour rendre la situation peu claire.
De l’érable faux platane (A. pseudoplatanus) à l’érable qui ressemble aux platanes (A. platanoïdes) au platane à feuilles d’érable (Platanus acerifolia), il y a de quoi y perdre son latin!
La feuille du plane est le meilleur moyen de le différencier de son cousin Sycomore. Elle est en effet plus pointue, plus effilée et aiguisée. D’autre part, lorsqu’on coupe le pétiole d’une feuille de plane et que l’on presse dessus, la blessure se couvre d’un lait blanc. Les autres érables indigènes de notre région n’ont pas cette particularité.
Répartition géographique, fleurs, fruits, croissance, les caractères du plane diffèrent peu du sycomore. C’est également un montagnard. Cependant il ne dépasse que rarement les 1500 m d’altitude. Il est très fréquent de le rencontrer dans nos villes, de nombreuses variétés horticoles ayant été sélectionnées.
Parmi les variétés utilisées pour leur qualité ornementale, voici les plus répandues:
- A. pseudoplatanus Purpurea : feuillage pourpre teinté de gris.
- A. pseudoplatanus Spaethii : port régulier, feuillage pourpre
- A. platanoïdes Columnaris: à port étroit, feuillage orangé en automne
- A. platanoïdes Crimson King : feuillage rouge foncé, sensible à l’oïdium
- A. platanoïdes Globosum : couronne en boule très compacte
Bien que tolérant une taille régulière et raisonnée, il est préférable de laisser leurs formes naturelles aux érables. Il est donc judicieux de choisir une essence et variété adaptée aux conditions du milieu, plutôt que de devoir limiter le volume de l’arbre par une taille fastidieuse (et onéreuse) de plus, souvent peu esthétique.
Les plaies de taille sont fréquemment envahies par différents champignons, il n’est pas rare d’observer des chancres de l’écorce, directement liés à de mauvaises coupes. Il est donc important de ne pas faire de coupe de gros diamètre.
L’érable champêtre est sans doute le plus discret de nos érables, il ne dépasse que rarement les 15 m de hauteur. Peu exigeant au niveau du sol, il se contente de terrain pauvre. En revanche, il n’apprécie pas être dans des zones trop humides. On le rencontre dans les bosquets, en lisière de forêt aussi bien sur le plateau que dans les Alpes ou le Jura.

Erable
L’écorce brunâtre est gerçurée et écailleuse. Les jeunes rameaux ont la particularité de s’entourer d’une couche de liège.
Le feuillage formé de 5 lobes est particulièrement élégant. Chaque lobe est lui-même sinué de façon régulière, il se crée ainsi des motifs variés qui personnalisent chaque feuille. Comme pour ses cousins, les colorations d’automne sont chaudes virant du jaune au brun-rouge.
La floraison a lieu en même temps que l’apparition des premières feuilles, elle est plutôt discrète, de couleur jaunâtre. Dès septembre, les paquets de fruits d’abord verts passent au pourpre. Plusieurs variétés horticoles sont cultivées pour leur caractère ornemental :
- A. campestris Elrijk , a un port érigé et des couleurs automnales jaune doré
- A. campestris Green Columna est de forme fastigié
- A. campestris Royal Ruby présente une cime arrondie, une belle coloration automnale ainsi que des reflets rougeâtres sur les jeunes rameaux au printemps.