Comment tailler les arbres sans trop les blesser ?
Dans l’article « Faut-il tailler les arbres d’ornement », nous avons vu comment les arbres réagissent aux blessures. Chaque coupe lors de travaux de taille peut être assimilée à une blessure. Voyons ensemble comment tailler sans entraîner de problèmes pour les arbres.
Il faut différencier deux types d’arbres d’ornement, ceux auxquels l’on donne une forme architecturée stricte, c’est le cas des platanes en parasols, et autres arbres d’avenue maintenus dans un volume strict, et les arbres à forme libre, qui présentent la silhouette propre à leur espèce.
Pour donner une forme architecturée stricte à un arbre, il faut intervenir dès son plus jeune âge et de façon répétée. Parmi les différents modes de taille, le plus répandu dans nos régions, est la taille sur « tête de chat » ou « tête de saule ». Cette taille se pratique en hiver, annuellement, voir tous les deux ans. Tous les jeunes rameaux sont rabattus jusqu’à la branche porteuse, ces tailles répétées engendrent un renflement devenant de plus en plus volumineux qu’on appelle « tête de chat » ou « tête de saule ». Ce mode de taille à l’avantage de maintenir strictement le volume et la forme des arbres et est simple à exécuter. Lors de la coupe on approchera la lame de scie ou du sécateur le plus proche possible de la tête, sans laisser un chicot de quelques centimètres, mais sans entrer ni blesser la tête. Bien acceptée par plusieurs essences, telles que le platane ou le tilleul, la taille sur tête de chat présente l’inconvénient de donner des formes bizarres aux arbres, spécialement visible durant la période hivernale. Une fois formée, il est particulièrement déconseillé de couper des « têtes » sous peine d’occasionner des blessures que l’arbre aura beaucoup de peine à compartimenter. Pour des raisons esthétiques et afin que l’arbre soit plus vite habillé de feuilles au printemps, il est possible de garder 3-4 branches horizontales de faible vitalité par tête. Ces branches seront supprimées l’année suivante et remplacées par de jeunes rameaux de l’année.
Un autre mode de taille permettant de contenir le volume des arbres est la taille dite à « l’anglaise ». Dans ce cas, les branches sont raccourcies en coupant toujours sur une sous branche appelée également prolongement. Afin que cette coupe soit bien supportée par l’arbre, il faut que la branche coupée ne soit pas de trop gros diamètre, et que le prolongement ait un diamètre d’au minimum 1/3 de la branche coupée. Exemple : coupe d’une branche de 3 cm de diamètre, prolongement gardé de 1 cm de diamètre. Pour que cela soit possible, cette taille doit être faite tous les 1 à 3 ans maximum. Elle peut être faite en période de repos de végétation, mais également « au vert », c’est-à-dire lorsque les végétaux sont en pleine feuille.
Cette taille a l’avantage de laisser une forme relativement naturelle à l’arbre, elle est en revanche plus difficile à faire et demande plus de sensibilité que la taille sur tête de chat.
Citons encore un troisième mode de taille architecturée, la taille en rideau. Très répandue en France, elle est plus rare chez nous. Ce mode de faire peut être assimilé à une tonte de haie. Chaque été les jeunes pousses sont taillées à la cisaille donnant aux alignements un aspect rectiligne pouvant être intéressant dans certaines réalisations d’aménagement extérieur.
Les arbres à forme libre ne demandent pas à être taillés de façon régulière. Lors du développement de leur couronne, les arbres vont laisser mourir certaines branches, les branches mortes sont à enlever car leur chute peut engendrer des risques de blessure. L’union entre une branche et le tronc est appelée « col de branche ». Selon les espèces, ce col de branche est plus ou moins marqué, par la présence d’un renflement. Lors de la coupe d’une branche, la lame de scie devra s’approcher le plus possible du col de branche sans pour autant le toucher. En effet, l’arbre dispose de système de défense contre l’avancée des agents pathogènes dans la zone du col de branche. Si l’on coupe la branche au ras du tronc, on enlève la zone naturelle de protection et l’on ouvre grand la porte aux champignons lignivores. Afin d’éviter un déchirement lors de la coupe, il convient de procéder à une première coupe à 40 cm du tronc en prenant garde de d’abord faire une entaille sous la branche sur environ ¼ du diamètre de cette dernière. Une fois la charge enlevée on pourra procéder à la coupe finale au plus près du col de branche.
Il arrive que les arbres à forme libre deviennent trop grands, que certaines branches gênent les immeubles voisins ou empiètent sur la chaussée. Une réduction est possible, en s’y prenant le plus tôt possible on pourra faire une coupe sur prolongement, en respectant la règle du diamètre : prolongement ayant un diamètre de minimum 1/3 par rapport à la branche coupée. Plus le diamètre de coupe est grand, plus l’arbre aura de la peine à compartimenter la blessure. Idéalement les coupes ne doivent pas dépasser les 10 cm de diamètre. Le même principe est également appliqué aux branches spécialement longues ou présentant des risques de rupture. Une réduction pratiquée sur ce modèle permet d’alléger la charge sans blesser l’arbre et sans trop modifier sa forme.
En matière de taille, le dicton « dans le doute abstiens-toi » est particulièrement bien adapté. Chaque coupe doit être motivée et avoir sa raison d’être. Les arbres ne demandent pas à être taillés, il faut bien définir le but recherché et les conséquences de la coupe éventuelle pour la santé de l’arbre.
La littérature consacrée au jardinage ne parle que trop peu de la façon qu’on les arbres de réagir aux blessures de taille ou aux autres dégâts naturels.
Un ouvrage en français fait référence dans le monde de l’arboriculture ornementale, il est indispensable pour chaque professionnel mais également permettra à chaque amateur soucieux de la santé de ses arbres, d’intervenir de façon réfléchie et appropriée.
Il s’appelle : La taille des arbres d’ornement, du pourquoi au comment, écrit par Christophe Drénou, édité par l’institut pour le développement forestier (IDF).
Lorsque l’on voit la façon dont certaines personnes se prétendant professionnels et spécialisés, taillent les arbres de leurs clients, on doit se rendre à l’évidence que tout le monde ne prend pas le temps de s’intéresser à la biologie des arbres. Avant de confier des arbres à de tels ignorants, mettez-vous à la place de vos arbres : seriez-vous d’accord de vous faire opérer par des pseudo-chirurgiens n’ayant aucune idée de l’anatomie humaine ?
Cédric Leuba
Comment tailler les arbres sans trop les blesser ?
0Comment tailler les arbres sans trop les blesser ?
Il faut différencier deux types d’arbres d’ornement, ceux auxquels l’on donne une forme architecturée stricte, c’est le cas des platanes en parasols, et autres arbres d’avenue maintenus dans un volume strict, et les arbres à forme libre, qui présentent la silhouette propre à leur espèce.
Pour donner une forme architecturée stricte à un arbre, il faut intervenir dès son plus jeune âge et de façon répétée. Parmi les différents modes de taille, le plus répandu dans nos régions, est la taille sur « tête de chat » ou « tête de saule ». Cette taille se pratique en hiver, annuellement, voir tous les deux ans. Tous les jeunes rameaux sont rabattus jusqu’à la branche porteuse, ces tailles répétées engendrent un renflement devenant de plus en plus volumineux qu’on appelle « tête de chat » ou « tête de saule ». Ce mode de taille à l’avantage de maintenir strictement le volume et la forme des arbres et est simple à exécuter. Lors de la coupe on approchera la lame de scie ou du sécateur le plus proche possible de la tête, sans laisser un chicot de quelques centimètres, mais sans entrer ni blesser la tête. Bien acceptée par plusieurs essences, telles que le platane ou le tilleul, la taille sur tête de chat présente l’inconvénient de donner des formes bizarres aux arbres, spécialement visible durant la période hivernale. Une fois formée, il est particulièrement déconseillé de couper des « têtes » sous peine d’occasionner des blessures que l’arbre aura beaucoup de peine à compartimenter. Pour des raisons esthétiques et afin que l’arbre soit plus vite habillé de feuilles au printemps, il est possible de garder 3-4 branches horizontales de faible vitalité par tête. Ces branches seront supprimées l’année suivante et remplacées par de jeunes rameaux de l’année.
Un autre mode de taille permettant de contenir le volume des arbres est la taille dite à « l’anglaise ». Dans ce cas, les branches sont raccourcies en coupant toujours sur une sous branche appelée également prolongement. Afin que cette coupe soit bien supportée par l’arbre, il faut que la branche coupée ne soit pas de trop gros diamètre, et que le prolongement ait un diamètre d’au minimum 1/3 de la branche coupée. Exemple : coupe d’une branche de 3 cm de diamètre, prolongement gardé de 1 cm de diamètre. Pour que cela soit possible, cette taille doit être faite tous les 1 à 3 ans maximum. Elle peut être faite en période de repos de végétation, mais également « au vert », c’est-à-dire lorsque les végétaux sont en pleine feuille.
Cette taille a l’avantage de laisser une forme relativement naturelle à l’arbre, elle est en revanche plus difficile à faire et demande plus de sensibilité que la taille sur tête de chat.
Citons encore un troisième mode de taille architecturée, la taille en rideau. Très répandue en France, elle est plus rare chez nous. Ce mode de faire peut être assimilé à une tonte de haie. Chaque été les jeunes pousses sont taillées à la cisaille donnant aux alignements un aspect rectiligne pouvant être intéressant dans certaines réalisations d’aménagement extérieur.
Les arbres à forme libre ne demandent pas à être taillés de façon régulière. Lors du développement de leur couronne, les arbres vont laisser mourir certaines branches, les branches mortes sont à enlever car leur chute peut engendrer des risques de blessure. L’union entre une branche et le tronc est appelée « col de branche ». Selon les espèces, ce col de branche est plus ou moins marqué, par la présence d’un renflement. Lors de la coupe d’une branche, la lame de scie devra s’approcher le plus possible du col de branche sans pour autant le toucher. En effet, l’arbre dispose de système de défense contre l’avancée des agents pathogènes dans la zone du col de branche. Si l’on coupe la branche au ras du tronc, on enlève la zone naturelle de protection et l’on ouvre grand la porte aux champignons lignivores. Afin d’éviter un déchirement lors de la coupe, il convient de procéder à une première coupe à 40 cm du tronc en prenant garde de d’abord faire une entaille sous la branche sur environ ¼ du diamètre de cette dernière. Une fois la charge enlevée on pourra procéder à la coupe finale au plus près du col de branche.
Il arrive que les arbres à forme libre deviennent trop grands, que certaines branches gênent les immeubles voisins ou empiètent sur la chaussée. Une réduction est possible, en s’y prenant le plus tôt possible on pourra faire une coupe sur prolongement, en respectant la règle du diamètre : prolongement ayant un diamètre de minimum 1/3 par rapport à la branche coupée. Plus le diamètre de coupe est grand, plus l’arbre aura de la peine à compartimenter la blessure. Idéalement les coupes ne doivent pas dépasser les 10 cm de diamètre. Le même principe est également appliqué aux branches spécialement longues ou présentant des risques de rupture. Une réduction pratiquée sur ce modèle permet d’alléger la charge sans blesser l’arbre et sans trop modifier sa forme.
En matière de taille, le dicton « dans le doute abstiens-toi » est particulièrement bien adapté. Chaque coupe doit être motivée et avoir sa raison d’être. Les arbres ne demandent pas à être taillés, il faut bien définir le but recherché et les conséquences de la coupe éventuelle pour la santé de l’arbre.
La littérature consacrée au jardinage ne parle que trop peu de la façon qu’on les arbres de réagir aux blessures de taille ou aux autres dégâts naturels.
Un ouvrage en français fait référence dans le monde de l’arboriculture ornementale, il est indispensable pour chaque professionnel mais également permettra à chaque amateur soucieux de la santé de ses arbres, d’intervenir de façon réfléchie et appropriée.
Il s’appelle : La taille des arbres d’ornement, du pourquoi au comment, écrit par Christophe Drénou, édité par l’institut pour le développement forestier (IDF).
Lorsque l’on voit la façon dont certaines personnes se prétendant professionnels et spécialisés, taillent les arbres de leurs clients, on doit se rendre à l’évidence que tout le monde ne prend pas le temps de s’intéresser à la biologie des arbres. Avant de confier des arbres à de tels ignorants, mettez-vous à la place de vos arbres : seriez-vous d’accord de vous faire opérer par des pseudo-chirurgiens n’ayant aucune idée de l’anatomie humaine ?
Cédric Leuba