Il y a encore quelques années, un horticulteur s’occupait aussi bien de cultiver des fleurs que de créer un jardin. Des horticulteurs se spécialisèrent et devinrent des paysagistes. Vaste métier que celui de paysagiste : gazon, fleurs, arbustes, arbres, terrasse, pavage, escaliers, piscine, terrassement… impossible d’être vraiment spécialisé dans tous ces domaines.
Les arbres ont longtemps été le parent pauvre de la formation de base des paysagistes. Il suffit de voir comment certains professionnels les taillent pour s’en rendre compte.
Conscients de ces lacunes et suivant une tendance venue des pays anglo-saxons, des passionnés des arbres, soucieux de leur donner les meilleurs soins, se sont spécialisés et sont devenus des arboristes.
Ce n’est véritablement que depuis le début des années 80 que l’on sait réellement comment les arbres vivent et meurent, comment ils réagissent aux blessures, notamment aux blessures provoquées par la taille. C’est en particulier grâce aux travaux du professeur américain Alex L. Shigo, père de l’arboriculture ornementale moderne, que les praticiens savent maintenant quels types d’interventions ils peuvent faire sur les arbres et quelles sont les méthodes à éviter.
En résumé, pour être supportées par les arbres, les coupes de taille doivent être du plus petit diamètre possible (maximum 5 à 6 cm pour de grands arbres). Ceci impose aux praticiens d’atteindre les extrémités des branches de toute la couronne. Dans de nombreux cas, l’utilisation d’une nacelle ne permet pas ce travail car elle ne peut pas pénétrer dans la couronne des arbres. De plus, l’accès aux arbres situés dans des parcs ou des jardins n’est pas toujours possible avec de gros véhicules.
Pour le plus grand bien des arbres, simultanément à l’arrivée des connaissances biologiques, un système de grimpe aux arbres appelé « tree climbing » se répandent en Europe, les pionniers en la matière étant les américains et les anglais. Le matériel actuellement utilisé par les arboristes grimpeurs est conçu exclusivement pour cette profession. Il ressemble à ce que peuvent utiliser des spéléologues ou des varappeurs, avec certaines modifications liées au travail sur les arbres. Ainsi le harnais de sécurité est conçu de façon à ce que le grimpeur puisse se suspendre dans l’arbre en limitant la fatigue. Bien que pour de nombreux passants, l’arboriste grimpeur soit comparé à un singe, il devrait plutôt être comparé à une araignée car il est constamment suspendu à sa corde grâce à une cordelette munie d’un nœud autobloquant. Ce principe de travail consiste à grimper jusqu’au sommet de l’arbre en étant toujours attaché. L’arboriste fixera alors sa corde le plus haut possible et commencera son travail en se laissant descendre. Avec un bon entraînement et de la pratique, il pourra ainsi atteindre toutes les parties de la couronne et intervenir à l’endroit idéal. Ce métier requière de nombreuses qualités ; il faut être en bonne condition physique, être agile et bien entendu ne pas avoir le vertige. Mais ce côté sportif et « fun » ne fait pas à lui seul le bon arboriste grimpeur ; pour réussir dans cette profession exigeante, il faut être un passionné, un amoureux des arbres. Une parfaite connaissance de la biologie des arbres est nécessaire. Comment intervenir sur un arbre sans savoir comment il vit ? Quelles sont ses particularités, qu’elles seront ses réactions ? Seriez-vous d’accord d’être opéré par un chirurgien n’ayant aucune connaissance de l’anatomie humaine ?
Il en va de même pour un arbre : pour lui divulguer les meilleurs soins, une connaissance précise de sa biologie et de son anatomie sont nécessaires.
Les connaissances sur les arbres évoluent constamment ; plusieurs chercheurs européens et américains, en publiant les résultats de leurs recherches, permettent aux professionnels d’affiner leur façon d’intervenir.
La prochaine fois que vous verrez une équipe d’arboristes grimpeurs évoluer dans un arbre, prenez le temps de vous arrêter quelques minutes. En les voyant évoluer sur les plus grands et les plus vieux organismes vivants présents sur la planète, vous comprendrez pourquoi les vrais passionnés ne désireraient pour rien au monde changer de métier.
Il ne suffit pas de bien manier la tronçonneuse, bien grimper ou d’avoir un grand camion nacelle pour faire du bon travail sur les arbres. Pour le propriétaire ayant des arbres à entretenir, le choix d’entreprise est parfois difficile. Avant chaque intervention, une expertise même sommaire de l’arbre est nécessaire afin de définir le but de l’intervention ; un spécialiste doit pouvoir expliquer de façon compréhensible pour son client le type d’intervention qu’il préconise et quelles en seront les conséquences.
Le type d’intervention et les prix peuvent être très différents car en effet, le travail proposé n’est souvent pas le même.
Afin de tenter de clarifier la situation, l’Association suisse de soins aux arbres (ASSA) a conçu une charte de qualité. Celle-ci défini le plus précisément possible les différents types et modes d’intervention préconisés afin de donner aux arbres les meilleurs soins.
Les entreprises souscrivant à cette charte s’engagent à respecter les prescriptions de cette dernière ; elles doivent pouvoir prouver au comité répondant la bonne facture de leurs travaux et sont soumises à des contrôles réguliers.
L’ASSA organise également des cours de formation continue et fait au mieux pour promouvoir des interventions réfléchies et respectueuses sur les arbres.
Un brevet fédéral d’arboriste-spécialiste soins aux arbres a débuté en Suisse romande ; ce brevet existe déjà depuis bientôt 20 ans en Suisse allemande.
Nos arbres, éléments indispensables à notre bien-être, auront tout à y gagner ; les arboristes nouveaux auront de meilleures connaissances, ils pourront ainsi donner les meilleurs soins.
On se met à rêver d’une époque ou les arbres ne subiront plus de taille drastique ni d’étêtage assassin !
Pour tout renseignement, ou pour obtenir la liste des entreprises signataires de la charte de qualité, visitez le site de l’ASSA sous http://www.assa.ch/accueil.html ou écrivez à ASSA, CP 62, 1110 Morges 1
Cédric Leuba