A la découverte des aulnes..
Les aulnes font partie de la famille des bétulacées, le nom latin Betula est le nom scientifique du bouleau. L’aulne et le bouleau sont de proches cousins et ils présentent de nombreuses similitudes. Il existe 14 espèces de différents aulnes, réparties principalement en Europe, au centre de l’Asie, en Amérique du Nord et dans une faible mesure, également en Amérique du Sud.
Selon les régions, cet arbre porte des noms différents, allant de aulne à aune, nom d’origine latine, mais également vernes ou vergues d’origine celtique. Ceci ne facilite pas l’amateur de jardin qui, selon les ouvrages qu’il consulte, aura tout loisir de tout mélanger.
Dans les plaines d’Europe, le plus répandu des aulnes est le glutineux (Alnus glutinosa). On le rencontre principalement en bordure des rivières ou des points d’eau.
Ce n’est pas vraiment un montagnard ; il atteint péniblement 1200 m dans les Alpes, se limitant à 800 m dans le Jura. Le plus souvent situé dans des bosquets ou des cordons boisés, il est plutôt discret. Pourtant, il ne manque pas de charme. Planté en arbre isolé, il développe une belle couronne de forme conique. Il ne forme pas de grosses branches charpentières, mais de son tronc partent un grand nombre de branches plus ou moins tordues, formant une couronne dense. Ce n’est pas un arbre à très grand développement, le plus souvent atteignant 15 à 20 m, exceptionnellement une trentaine de mètres.
Le tronc droit est recouvert d’une écorce brun foncé qui, avec l’âge, va se recouvrir de gerçures et d’écailles. Les feuilles sont ovales et échancrées au sommet, leur bord est découpé en minuscules dents de scie. Au printemps, les bourgeons, les jeunes rameaux et les nouvelles feuilles s’enduisent d’une sorte d’épais vernis collant, d’où le nom de glutineux. Le feuillage a la particularité de rester vert jusqu’à sa chute automnale tardive.
Pour qui prend le temps d’observer les arbres, la période hivernale ne manque pas d’intérêt. Chez l’aulne, tout est déjà en place pour la floraison qui a lieu selon les régions de février à mars.
Une fois dénudés de leurs feuilles, les rameaux sont largement garnis de longs chatons mâles et de chatons femelles rougeâtres plus discrets. Dès février, une grande quantité de pollen jaunâtre va féconder les petites fleurs femelles blotties dans une sorte de cônes, appelée strobiles. Ces strobiles tout d’abord verdâtres, deviennent brunes et ligneuses, on pourrait les confondre avec certains cônes de conifères.
L’espérance de vie des aulnes est plutôt courte ; en effet, une centaine d’années est déjà un âge respectable pour cette essence. Sa croissance est rapide, particulièrement en présence de sol humide. Il peut aussi s’adapter au terrain sec, mais dans tous les cas, il lui faut de la lumière directe, il n’affectionne guère de se trouver en sous-bois.
Il n’est pas rare qu’il émette de nombreux rejets de sa souche, occupant aussi de façon dense le terrain. Son système racinaire développé lui vaut d’être utilisé comme stabilisateur de talus.
Ses racines présentent encore la particularité d’avoir une quantité de minuscules tubercules, qui ont la propriété de fixer directement l’azote de l’air. La formation de ces tubercules est possible grâce à l’association des fines radicules et d’un champignon microscopique.
L’aulne blanchâtre (A. incana) est également indigène en Europe. Il présente de nombreuses similitudes avec le glutineux. Il est toutefois en général de moins bel aspect, ayant tendance à être plus buissonneux. Les aulnes peuvent occasionner des hybrides, ce qui rend l’identification quelques fois peu aisée.
Dans les Alpes, l’aulne vert (A. verdis) plutôt arbustif joue un rôle important pour la stabilité des pentes. Se contentant de zone d’éboulis, il prévient également des avalanches. Rustique et résistant, il peut grimper jusqu’à 2100 m d’altitude.
Le bois des aulnes présentant des teintes légèrement rougeâtres, est utilisé en ébénisterie. On en fait également du contreplaqué et on le transforme en fibre de bois, en cellulose pour la fabrication du papier.
Il existe quelques espèces utilisées en arboriculture ornementale. A. spaethii est un petit arbre de 12 à 15 m à forme pyramidale. Ses grandes feuilles vert foncé lui donnent un bel aspect, sa floraison est également spectaculaire. Peu exigeant et rustique, il est utilisé comme arbre d’alignement.
La variété Impérialis de l’aulne glutineux est également très décorative. Atteignant 8 à 10 cm, ce petit arbre se distingue par ses feuilles largement découpées.
Cédric Leuba